Carentan-Milan ou la Mathusalem *

 Dimanche 13 juin 2010, Roland, Claude, François et Jean-Yves  se rassemblent sous le panneau Carentan pour se lancer dans l’aventure : partir de Carentan pour arriver à Milan, un voyage dans le temps en quelque sorte.
 
Dès les premiers kilomètres à travers le parc des marais du Cotentin et du Bessin, un rythme tranquille et paisible va conduire nos   cyclistes à travers villes et villages de France de Suisse et d'Italie. Première halte à Bayeux pour admirer la tapisserie de la Reine Mathilde qui rend hommage à d’autres grands aventuriers : les Normands, partis de leur Normandie natale pour aller conquérir l’Italie…il y a dix siècles, c'est-à-dire mille ans ! Arrêt obligatoire aussi à l’abbaye aux hommes de Caen où fut enterré le plus illustre d’entre  eux : Guillaume le Conquérant.
 
La deuxième journée fut consacrée essentiellement au pays d’Auge avec ses images de cartes postales : la maison en colombages, ses pommiers en fleurs et ses belles vaches normandes. Cent vingt-cinq kilomètres entre Caen et Le Neubourg par de petites routes vallonnées peu fréquentées par les automobilistes. Une courte pause à l’abbaye du  Bec-Hellouin pour un moment de repos et de méditation sur le passé.
 
La troisième journée vit nos quatre compères s’enfoncer dans les forêts de l’Ile de France jalonnées de somptueuses résidences protégées par de hautes murailles. De temps en temps, ils jetaient un œil sur les parcs magnifiques qui montrent que la France recèle  encore de nombreuses fortunes. Nuit à Arpajon, après cent quarante-cinq kilomètres passés sur les selles de vélo, ils commençaient à avoir mal au « postérieur »
 
La quatrième journée sera un peu la continuité de la précédente, avec la traversée de la forêt de Fontainebleau où ils furent   bien protégés du vent. Le magnifique château royal méritait quelques photos. Autre monument, autre époque : celles des Rois, des privilèges et du bon vouloir. Au-delà des titres de noblesse la société a-t-elle véritablement changé?
 
Pendant la cinquième journée, ils traversèrent le nord de la Bourgogne, en empruntant le fameux canal du même nom. Il pleut et le pique-nique a lieu sous le porche d’une église. Mais le moral est au beau fixe grâce à une bonne bouteille de Chablis. Arrivée à Châtillon-sur-Seine, après avoir traversé le hameau Gros-cul. (on se distrait comme on peut).
 
Le sixième jour, les choses sérieuses vont commencer. Les collines de Franche-Comté pèsent dans les mollets. Le temps s’écoule lentement rythmé par les milliers de coups de pédales.    
 
Le septième jour, ils arrivèrent dans le Jura. La pluie, les nuages et la brume   laissent entrevoir parfois de magnifiques paysages avec des reliefs tout en douceur. Traversée de Besançon, ancien haut lieu de l’horlogerie. On se souvient des montres Lip et des luttes ouvrières qui ont précédé la fermeture de l’usine. Ce jour-là, il fallut gravir le difficile col du Tounet, avant un repos bien mérité à Morteau.
 
Le huitième jour, ils passèrent  la frontière suisse pour rejoindre leurs deux compères suisses, Charly et Gérard, qui vont leur faire traverser leur pays par un dédale de pistes cyclables. A ce moment comme pour leur donner la direction à suivre, un magnifique milan royal se mit à tournoyer au-dessus de leurs têtes.   Passage à Neuchâtel, restauration au bord du lac et arrivée à Thun, dans un bel hôtel confortable. Il leur fallait cela, car la journée du lendemain s’annonçait terrible !
 
Neuvième journée : après soixante-sept kilomètres, d’un plat relatif, le gros morceau du séjour se présentait : la montée du Sustenpass avec ses 1600 mètres de dénivelée et ses 24 kilomètres d’ascension avec de nombreux passages à 10%. Dans la pluie, le brouillard et au sommet : la neige ! Les éléments naturels s’étaient déchaînés. Il fallut prendre son temps, faire preuve de patience et d’abnégation. Mais quel plaisir de se retrouver dans un  petit hôtel suisse de Göschenen sous une douche bien chaude !
 
Le dixième jour, les amis suisses   quittent le groupe pour ennuis mécaniques et   laissent les quatre normands seuls pour affronter le col du St Gotthard (2108 m). C’est la journée où ils sont passés brutalement de l’hiver à l’été. Au sommet du col, la température était de 0°. A Bellinzola, quatre-vingt kilomètres plus loin, le thermomètre indiquait 28°. Autant dire que la gestion des vêtements est importante pour un cyclotouriste.
 
La dernière journée fut une promenade de santé. La route était plate, le soleil rayonnant et le vent favorable. Milan les attendait, avec ses monuments somptueux, sa cuisine réputée et ses magasins de mode (inaccessible pour de modestes bourses). Ce jour là, nous assistâmes sur écran géant, à l’élimination de Italie dans la coupe du monde de foot de 2010. Ce qui, ô surprise, n’altéra pas la bonne humeur des Italiens.
Nos quatre cyclotouristes étaient donc passés de Carentan à Milan en onze jours. Pendant toute cette randonnée ils eurent tout le loisir de méditer sur le temps qui passe….

*Selon la légende, Mathusalem vécut 960ans soit 1000ans - 40ans d'ou le titre!

texte rédigé par Emile Letan et d'après le témoignage de Claude Guillemette

 

  
départ de Carentan                                                      Roland et Claude  en Normandie

 
En logeant le canal de Bourgogne                                     Pluie et vent dans le Jura

   
Rencontre avec les amis suisses                                                 le Sustenpass

  
 le Saint Gotthard                                                                      descente du Saint Gotthard
    
En longeant le lac de Lugano                                                           Milan




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